Crabe avant sa transformation en repas de Pâques à Sainte Marie, Martinique.
Le Matoutou ou Matété de crabe
Alors que les œufs et lapins au chocolats inondent les supermarchés en ce week-end de Pâque, qui commémore la résurrection du Christ, dans les Antilles c’est au marché que les gens se retrouvent pour acheter un crustacé sorti des mangroves et préparé un « Matoutou » (Martinique) ou « Matété » (Guadeloupe) de crabe. Mais d’où vient exactement cette tradition ?
Roche gravée amérindienne dans la forêt de Montravail, Martinique.
Epoque précolombienne
Il n’existe pas une origine unique et définitive pour ce plat, mais plusieurs qui se complètent. Tout d’abord, les amérindiens Arawak puis Kalinago (erronément appelé « Caraïbes ») présent sur l’ile se nourrissaient beaucoup grâce aux coquillages et crustacés qui abondent dans les mangroves. Il préparaient le crabe avec une sauce à base de jus de manioc et de piment appelé « taumalin ».
Les premiers colons européens, qui bien souvent avait des difficultés à se nourrir dans ce nouvel environnement, copie et parfois apprennent des Kalinagos comment exploiter toutes les ressources possibles . Une des étymologies possible viens d’ailleurs du nom de la table ou les amérindiens mangeait leurs repas, appelée « matoutou ».
Sélection et abattage du crabe à Fort-de-France, Martinique
Repas de Carême
Avec l’expulsion des derniers amérindiens vers la Dominique en 1660 et l’intensification de l’esclavage, les crabes des mangroves perdent l’intérêt des européens et devient le plat des esclaves durant les 40 jours de jeûne du Carême. Cet animal est donc capturé la nuit dans des pièges à crabes appelé ratières, avant d’être enfermé dans des cages pendant plusieurs jours et nourrit avec des noix de cocos, fruits et légumes pour en améliorer le goût légèrement argileux.
Le dimanche de Pâque, qui marque la fin des privations, les esclaves se réunissaient pour vendre et consommer tous les crabes restants, instaurant ainsi la tradition du matoutou ou matété. Aujourd’hui cette tradition qui avait tendance à disparaitre connait un regain de popularité, à la grande joie des amateurs de cuisines et traditions locales.
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