top of page

Les "Afghans", pionniers de l'Outback australien


Dervish Bejah dans l'Outback australien (Source : State Library of South Australia)

Farina Town, aujourd'hui abandonné



Farina et Marree


Farina, un village abandonné au centre de l'Australie du Sud, possède dans son cimetière des tombes avec des inscription en arabes orientées vers la Mecque. À 50 kilomètres de là, le village de Marree, qui signifie "opossum" dans la langue aborigène locale, abrite la première mosquée d'Australie construite en 1861. Comment l'islam s'est-il retrouvé dans ces villages de pionniers australiens au XIXe siècle et qu'en reste-t-il aujourd'hui ?


Mosqué de Marree, South Australia



L'empire britannique et le travail colonial : d'un désert à l'autre


Dès le début de la colonisation, les Britanniques font appel à des travailleurs de tout l'empire colonial, notamment de Malaisie. En 1838, 18 Afghans sont amenés en Australie, suivis peu après par le premier chameau surnommé "Harry" en 1840 à Port Adélaïde. Ces animaux et les chameliers afghans qui les connaissaient si bien devinrent rapidement indispensables à l'exploration et au ravitaillement des communautés vivant dans l'Outback. Le premier train à traverser l'Australie centrale, d'Adélaïde à Darwin, fut nommé en leur honneur, le "Ghan Express".


Le "Ghan express" à Marree



Mais sont-ils vraiment des Afghans ?


Bien que les Australiens aient surnommé ces chameliers musulmans "Afghans" ou "Ghans", ils étaient rarement originaires d'Afghanistan. Qu'ils soient Baloutches, Pachtounes, Punjabis ou Sindhis, ils venaient de l'ancienne colonie appelée Inde britannique, qui s'étendait du Bangladesh à l'Iran. Ils représentaient en fait un ensemble de peuples très différents, regroupés sous un même nom. Ces chameliers ont été des personnages importants dans l'histoire de l'Australie et le développement de l'Outback, même s'ils ne sont pas toujours reconnus comme tels.


Bejah Dervish in 1947. (Source : National Archives Australia).



Bejah Dervish, icône de l'Outback


Né au Baloutchistan en 1862, Bejah Dervish est l'un d'entre eux. L'administration a commis l'erreur d'enregistrer son prénom comme son nom de famille, si bien que le nom de famille de ses enfants est maintenant Bejah. Après avoir servi dans l'armée britannique à Karachi, il part pour l'Australie vers 1890. En 1896, il a participé à l'expédition Calvert, qui consistait à cartographier l'intérieur de l'Australie occidentale. Très peu de personnes survécurent, et Dervish dut parfois se priver de nourriture et d'eau pour le bien de ses chameaux. Une colline, "Bejah Hill", a même été nommée en son honneur.



William Bejah, petit fils de Dervish Bejah



William Bejah et Azeem Jhonny Khan, petit-fils d'un "Ghan".


J'ai eu la chance de parler avec les descendants de deux d'entre eux. Le premier, William Bejah, est le petit-fils de Bejah Dervish. Il se souvient encore de son grand-père, bien qu'il ne l'ait pas connu très longtemps. Cependant, il a gardé de nombreux objets de lui. Il m'a également parlé d'une phase plus sombre de l'histoire des "Ghans" : la discrimination. A Marree, où Dervish s'est installé vers 1902, la ville était divisée en deux : Les Afghans et les Aborigènes d'un côté et les Blancs de l'autre. Cette séparation géographique ne l'empêche pas d'épouser Amelia Jane Shaw en 1909, une Australienne d'origine britannique avec laquelle il a un enfant : Jack Dervish. Cependant, on soupçonne qu'il a également eu un enfant nommé Ben Murray avec une femme aborigène. Dervish Bejah meurt subitement le 6 mai 1957 à Port Augusta, sans que l'on sache vraiment pourquoi.


Azeem Johnny Khan et son frère Tom sont également les descendants d'un Afghan marié à une aborigène Arrernte. Johnny a eu la gentillesse de me raconter son histoire. Au sein de leur famille, cela a créé des différences non seulement culturelles mais aussi religieuses entre le christianisme, l'islam et les croyances traditionnelles Arrernte. Bien qu'ils ne soient pas religieux, ils sont fiers de leurs origines. Ils ont également gardé le contact avec des membres éloignés de leur famille au Pakistan.


Posters de Monga Khan par Peter Drew.



Monga Khan, symbole d'une identité


Après 1901 et la mise en place de la politique migratoire de "l'Australie blanche", l'histoire de ces Afghans et leurs importantes contributions à l'histoire australienne ont été mises de côté. Peter Drew, un artiste australien, est connu pour avoir mis en place des posters de Monga Khan, un "Ghan" qui est connu pour avoir contribué à développer l'économie australienne en travaillant dans l'importation de marchandises. Les affiches comportent le mot "Aussie" qui signifie "Australien" en argot local. Son travail a trouvé un écho dans une société australienne de plus en plus cosmopolite où chacun cherche à s'identifier à l'identité nationale.


Chameau sauvage en Australie



Des conséquences écologiques importantes


La faune et la flore australiennes ont également été impactées. Avec l'arrivée des chemins de fer, les autorités australiennes ont décidé d'abattre les chameaux importés, devenus "obsolètes". C'était sans compter sur l'amour des chameliers pour leurs animaux, qui les laissaient souvent volontairement s'enfuir. Aujourd'hui, l'Australie possède la plus grande population de chameaux sauvages avec plus d'un million d'individus. Ces troupeaux causent également de nombreux dégâts environnementaux par leur consommation d'eau et de plantes dans les régions désertiques du pays.


Connaissiez-vous l'histoire des "Ghans" australiens ? N'hésitez pas à partager cet article et à liker ma page facebook et instagram pour ne manquer aucun nouveaux posts !

223 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


Rejoignez moi sur Instragram !

Pays visités : 51 / 195

  • Facebook - Gris Cercle
  • Lindow Photography

Contactez-moi

Merci pour votre envoi !

bottom of page